Des politiques éducatives dédaignant l’importance de la liberté et du long terme au profit de l’efficacité et de la rentabilité peuvent rapidement devenir anti-éducative. Nous proposons donc de troquer une métaphore industrielle de l’éducation contre une métaphore horticole. Il ne faut pas chercher du rendement, de la productivité ou encore de l’efficacité de la part des élèves, des enseignants ou du système scolaire en général. Enseigner, c’est se contenter de semer et d’arroser en laissant à la nature l’essentielle. Cet autre rapport à l’éducation présente un double avantage.
Le premier est éthique. Cet état d’esprit permet de respecter l’élève en refusant d’en faire un produit. En effet, développer un potager demande une attention et une exigence toute particulière. Il est crucial de s’intéresser à la particularité de chaque plante. Un professeur ne se trouve jamais face à une classe homogène, il est donc absurde d’imposer à tous les élèves une même temporalité et d’exiger une normalisation des évaluations ainsi qu’une harmonisation des rythmes de travail.
Le second est pratique. Cet état d’esprit permet de privilégier le global sur l’analytique. Aucun enseignant ne devrait attendre d’un élève qu’il sache déchiffrer des lettres, épeler des syllabes ou respecter la ponctuation. C’est l’apprentissage de la lecture dans sa globalité qui doit être visé. Toutes ces phases font partie d’un seul et même processus. Découper ce processus n’est qu’une méthode, il serait aberrant de faire valoir chaque étape pour elle-même. C’est pourtant ce genre de pratique qui, régulièrement, amène des élèves à lire un texte avec brio sans être capable d’en comprendre le sens.
L’éducation ne peut pas se réduire à un acte industriel et déshumanisé. Nous ne produisons pas des citoyens en série, ou alors nous sortons du domaine de l’éducation pour entrer dans celui du dressage et de l’endoctrinement. Il est donc urgent de réaliser que l’éducation du XXIème siècle sera humaine ou ne sera pas.
BAPTISTE DUBOIS